lundi 9 décembre 2013

Histoire de la marche et Histoire en marche !

Mettre un pied l’un devant l’autre, un geste tellement simple et pourtant… Pas si évident d’apprendre à marcher ! Il suffit de regarder un bambin à l’œuvre avec ses petites pantoufles colorées. Bien souvent, il tangue, titube, trébuche et finit par tomber. Jusqu’au jour où…


Ca marche ! Très bien, mais qu’est-ce donc ? La marche ? Le processus reste complexe et reflète plusieurs aspects scientifiques, psychologiques, et politico-sociaux de notre évolution. D’ailleurs, comment nos ancêtres ont-ils appris à marcher ? Pourquoi marcher sur deux pieds au lieu de trottiner à quatre pattes ? Le temps de quelques promenades, découvrez cet univers fascinant, des premiers pas des hominidés aux plus belles foulées de nos héros olympiques modernes.



1ère promenade : les origines de la marche.

Les premiers pas des hominidés

Zoom sur l’Afrique, 3-4 millions d’années avant notre ère. Un Australopithecus bouleverse le cours de l’histoire. Il se redresse, libère ses membres antérieurs et marche. L’Australopithecus devient bipède : il a deux pieds et se déplace uniquement avec ses dix petits orteils. Mine de rien, il vient de tracer, sur les terres ocres et poussiéreuses d’Afrique, la longue et tumultueuse destinée du genre humain. Quel génie cet australo !

Bien entendu, à grande échelle, cet événement ne se présente pas comme un point fixe ou une date précise de l’histoire mais comme un processus de longue durée. En effet, on peut imaginer qu’il fallut à un Australopithecus comme Lucy (ou Dinknesh pour les intimes) plusieurs siècles voire milliers d’années avant de se lancer dans cette grande aventure bipède.

Certains scientifiques estiment d’ailleurs que la bande à Lucy ne quitte pas ses arbres, aussitôt sur ses deux pieds. Bien au contraire ! Tous ou presque alternent d’abord branches et brindilles, avec une préférence tout de même pour ces dernières. De toute façon, les arbres, ce n’est plus aussi branché ! Alors, les Australopithecus se déambulent devant leurs voisins, les animaux, et prennent rapidement de l’assurance. Après tout, ces singes (píthēkos) du sud (australis) sont passés au statut d’hominidés. Ce sont les VIF (very important feet) de la savane !

Mais une question subsiste. Pourquoi diantre quitter son nid perché pour s’exposer aux dangers des contrées sans fin ? C’est précisément là que réside un des aspects les plus fascinants de l’évolution des bipèdes. En apprenant à marcher, les Australopithecus sediba ou afarensis libèrent leurs mains ; et comme disait ce bon vieux Aristote : « la main est l’instrument des instruments ». Autrement dit, grâce à leurs dix doigts, les Australopithecus fabriquent et manipulent des outils. Ingénieurs des temps jadis, ces hominidés utilisent leur cerveau et leurs mains pour mieux vivre. Comment ? En se créant de nouveaux outils pour devenir meilleurs chasseurs à pied. Qui dit meilleure chasse, dit meilleure nutrition. Et nourrir son corps, c’est aussi nourrir son encéphale. Marcher, ce n’est donc pas simplement se déplacer. C’est aussi réfléchir et pas qu’un peu !

Les inventeurs des baskets préhistoriques

Un titre prestigieux pour les descendants de ces premiers hominidés qui vont toujours plus loin. En effet, ils marchent et réfléchissent mais attention, eux cogitent à propos de… la marche ! En 8 000 ou 10 000 ans BB (Before Birkenstocks), des habitants d’Amérique du Nord décident de prendre soin de leurs petits pieds. Pas de fish pedicure, rien de la sorte. Ils se fabriquent plutôt des sandales tout terrain et créent les produits du millénaire : mocassins en cuir et sandales avec bride arrière pour un meilleur maintien de la cheville. Vraiment très tendance ! A l’époque du moins. Créer des outils de marche, c’est donc devenir un précurseur-designer de chaussures.

Plus tu méditeras, mieux tu marcheras

Faisons un autre bond dans le temps et survolons la Chine en -500. A cette époque, la marche devient une activité en soi et un principe philosophique. On ne marche plus pour se nourrir, mais on marche pour méditer, suivre sa voie. La philosophie du sage Lao-Tseu témoigne de ce courant de pensée. Père fondateur du taoïsme, Lao-Tseu décrit le monde comme le tao, la voie ou le chemin et l’homme doit y placer son corps et son cœur pour atteindre harmonie et quiétude. La marche devient donc un véritable principe de vie. Elle se place ainsi au cœur de l’existence humaine. Très philo, la rando !

Bref, voilà en trois flashs notre première promenade bouclée. En somme, une mini-histoire des origines de la marche qui n’est pas prête de s’arrêter. Au prochain épisode : une petite chronologie des grands marcheurs de l’histoire !

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